Dinosaur Jr - I Bet On Sky

 

La reformation en 2005 du trio original, qui n'avait pas joué sous cette forme depuis le départ du bassiste Lou Barlow en 1989, avait de quoi faire peur. Le groupe assumait ouvertement attendre des retombées sonnantes et trébuchantes de cette remise à l'eau, et les tensions entre Jay Mascis, guitariste-chanteur et Barlow semblaient s'être à peine calmées, leur meilleure manière de communiquer étant encore de ne pas s’adresser la parole.

La sortie de Beyond en mai 2007 avait rassuré tout le monde, presse et fans, avec son rock mélodique et ses chansons portant sur le doute, la déception amoureuse, la recherche de soi tout en étant lumineuses et, d’une certaine manière, cool.

En passant, ce fut l’occasion de se rendre compte que leur musique n’avait pas pris une ride et qu’elle était loin d’être aussi anachronique que l’on aurait pu le craindre.

Farm, sorti deux ans plus tard, continuait dans cette voie en alternant les gros riffs gras et les chansons plus calmes, mais déjà un essoufflement se faisait sentir, confirmé sur I Bet On Sky : on y retrouve trop souvent des suites de 4 accords plaqués tournant en boucle en guise de fond sonore à la voix traînante de Jay qui joue les mêmes longs soli de guitare qui, s’ils constituent selon lui son « meilleur moyen d’expression », n’en sont pas moins si systématiques qu’ils n’apportent plus rien d’autre que lassitude et ennui. En clair : Dinosaur Jr radote et devient pénible à utiliser toujours la même recette pour écrire des chansons qui finissent par toutes se ressembler.

Il semblerait que l’on commence à toucher du doigt les limites de cette reformation, pire, on frise l’auto-parodie. Et pour cause, chaque titre d’ I Bet On Sky ressemble au remodelage de l’un de leurs titres plus anciens, ce qui transforme peu à peu Dinosaur Jr en robinet à chansons pondues sans réelle créativité ni envie de prendre de risque. D’accord, on trouve de bons moments : ‘‘Stick A Toe In ’’est une chouette chanson, ‘‘Watch the Corners’’ est un très bon premier single et Barlow, qui compose deux titres par album depuis Beyond, a bien réussi ‘‘Recognition’’ avec un refrain entraînant – mais il est passé complètement à côté de ‘‘Rode’’.

En dehors de cela, on peut se poser la question de savoir s’il doit devenir nécessaire pour un fan de Dinosaur Jr de débusquer les petites différences d’un album à l’autre pour pouvoir le placer dans la discographie du groupe.

Et si l’on était obligé de continuer le débroussaillage pour les prochains disques à ce qui ressemble de plus en plus à un Tribute to Ourselves.

2012 - PIAS